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La famille recomposee

LA FAMILLE RECOMPOSÉE



De condition exceptionnelle, la famille recomposée fait maintenant partie de la nouvelle réalité de la famille d'aujourd'hui. Cependant, même si très présente, nous ne savons pas toujours comment composer avec celle-ci. Le présent article vise donc à réfléchir sur cette réalité et à tenter de situer quelques repères.

Avant toute chose, il faut comprendre que si l’on parle de famille recomposée, c’est qu’il y a eu séparation et donc qu’il y a eu préalablement d’autres familles! Évidence, me direz-vous! Pourtant, nous l'oublions souvent et surtout nous perdons de vue le « bagage émotif » que porte chaque membre de la nouvelle famille. Pour l'enfant, cela constitue un deuil accompagné souvent du sentiment d'être dépossédé de ce à quoi il avait droit, du refus de la séparation, de l'hostilité et de l'obligation d'avoir à réorganiser son « monde ». Pour le parent, cela suppose de devoir renoncer à plusieurs idéaux et croyances, par exemple : de renoncer à l'idéal de famille harmonieuse et du bonheur à temps plein, à l'idée d'être indispensable, à la perception de contrôle sur sa vie. Cela demande également de faire le deuil du « meilleur » pour ses enfants. Ces renoncements sont souvent accompagnés d'émotions difficiles à soutenir comme la colère ou la culpabilité et demandent une bonne dose d'humilité et de capacités d'adaptation. Avec le temps, par contre, le tourbillon se calme et la vie reprend son cours. Puis un jour, c'est l'amour et l’on a envie de reconstruire une nouvelle vie de couple et une nouvelle famille. Avant de s'embarquer dans cette belle, mais périlleuse aventure, il est bon d'établir quelques repères :

Prendre le temps de statuer sur plusieurs points concernant la vie future

Il faut discuter et ne pas se dire « on s'aime, tout devrait bien fonctionner » ou bien « nous verrons ». Même si cela n'est pas très romantique, le fait de décider des arrangements concernant la maison, les relations sociales, le travail, l'argent, les moments de garde, les loisirs et les valeurs, évitera souvent bien des déceptions et des malentendus.

Prendre le temps de créer le lien

Il ne faut pas oublier qu'au départ vous n'avez pas de lien avec les enfants de l'« autre » et que sans lien, il n'y a pas d'amour. À cet égard, laissons St-Exupéry et son Petit Prince nous inspirer sur la patience que demande la création d'un lien;

- « Viens jouer avec moi, lui proposa le Petit Prince…
- Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé…
- Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?…
- Ça signifie "créer des liens"…
- Créer des liens?
- Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons; je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde…
- Que faut-il faire? Dis le Petit Prince.
- Il faut être patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un loin de moi, comme ça dans l'herbe. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près… »

Ainsi, il faut faire preuve de patience et ne pas s'inquiéter que la relation se construise lentement et parfois difficilement. Souvenez-vous que, dans un premier temps, vous demeurez un intrus dans la vie de cet enfant, et ce, malgré toute votre bonne volonté. Cela ne signifie pas, par contre, de ne pas tenter de faciliter la création de ce lien. Il existe quand même certains comportements et attitudes qui permettent l'apprivoisement. Voici quelques suggestions :
- Être attentif à ce qu'il aime, s'intéresser à ses projets à ses devoirs, mais sans faire trop d'intrusion
- S'amuser avec lui, faire des activités avec le parent, mais en lui laissant sa place privilégiée (tenir la main)
- Lui demander de participer à des aspects de la vie quotidienne (cuisine, liste d'épicerie)
- Respecter son besoin de solitude ou son besoin de passer du temps privilégié avec son parent
Il y a, bien sûr, de nombreuses façons de faire, mais la règle de base demeure la même et c'est de s'approcher « à petits pas ».

Demeurer patient, compréhensif et réaliste dans ses attentes
Il faut savoir que la famille recomposée est plus difficile à construire! Son départ est différent, il n'y a pas de rites de passage, tout se passe en même temps contrairement à la famille nucléaire. Dans celle-ci, il y a des étapes : rencontre -- vie commune et/ou mariage-- enfant jeune -- enfant vieux… on a le temps d'apprendre. Dans la FR, on doit apprendre vite!

Ainsi, la lune de miel est écourtée, car il n'y a pas de préparation à la venue de l'enfant et la présence de celui-ci a tendance à exacerber les tensions et à rendre l'organisation familiale plus complexe. De même, le bagage émotionnel plus lourd de pertes, de deuils et de déceptions entraîne de nombreuses résistances et croyances négatives. Quel portrait réjouissant! Pourtant, malgré ces obstacles, plusieurs familles survivent! Afin de comprendre ce cheminement, nous reprendrons l'analogie des saisons de l'auteur Gisèle Larouche*.

Été
Celle-ci compare la première phase de la FR à l'été. C'est l'époque de la naissance du couple, de la découverte du NOUS et de la similitude qui est caractérisée par l'espoir et l'optimisme. On croit, « je t'aime, je vais aimer tes enfants », « on est heureux, les enfants le seront aussi ». On est prêt à tout pour que cela fonctionne et le beau-parent cherche, alors généralement, à plaire à l'enfant. Conseil : profitez de cette période bénie, mais demeurez réalistes, les déceptions seront moins amères!

Automne
Vient ensuite l'automne, qui correspond habituellement au début de la vie commune. C'est alors que l'on commence à composer avec la différence au quotidien et qu'apparaissent les désillusions et le doute. L'affrontement des «JE» se manifeste de multiples façons, ex. qui va payer quoi? Les enfants ne se couchent pas à la même heure, l'éducation est différente. Le piège est alors de croire que l'on possède la « bonne façon » de faire et de critiquer l'autre parent, ex. « ton enfant est trop gâté ». C'est beaucoup plus dans l'apprentissage de la tolérance à la différence que la famille pourra s'épanouir.

Conseils : Pour le parent : aidez l'enfant à verbaliser ce qu'il vit et valider les émotions telles que la colère.
Pour le beau-parent : évitez de critiquer la façon de faire du parent et accepter l'enfant comme il est – parlez franchement et reconnaissez la difficulté de la relation, mais nommez qu'il faudra que vous fonctionniez ensemble puisque vous aimez la même personne – ne prenez pas les choses personnellement, ce ne serait pas différent avec quelqu'un d'autre!

Hiver
L'hiver s'insinue, les tensions augmentent ainsi que les querelles ouvertes. C'est souvent la période où le beau-parent fait des pressions et que peut s'installer une guerre de pouvoir. Il faut dépasser cela, sinon c'est la rupture!

Conseils: délimitez les territoires et assurez-vous qu'il y ait de la place et du temps pour chacun – délimitez les pouvoirs de chacun : les limites de l'enfant, les droits et responsabilités des parents – négocier au fur et à mesure les besoins – trouvez des solutions mitoyennes (Win-Win) – respectez les différences.

Printemps
Quand chacun a trouvé sa place alors, le printemps revient, la famille se solidifie, la rigidité fait place à la créativité et l'équilibre se rétablit! Conseil : ne perdez pas de vue que l'équilibre n'est jamais un état permanent!

C'est donc le parcours du voyage de la FR et pour vous guider dans celui-ci, il peut être intéressant de se donner quelques repères concernant les rôles de beau-parent et parent.

Le rôle de beau-parent
C'est le plus complexe et il est à définir selon les conditions de la famille comme, par exemple, l'âge des enfants et la présence ou non de l'autre parent. Souvenons-nous, cependant, qu'il ne peut y avoir d'autorité avant que le lien ne soit construit. Les enfants, même avec leurs parents, ne sont jamais très enclins à se conformer aux règles, mais c'est souvent la peur de la perte du lien (conséquence affective) qui les fait se soumettre! Il est, alors, très difficile de formuler des ordres lorsque la relation n'est pas bien établie. De même, il est préférable de rester correct et diplomate, et ce, même dans l'adversité. Cela sera, possiblement, perçu comme de la force et de la stabilité et aura peut-être un effet d'imitation! Il faut demeurer optimiste et éviter de tomber dans les pièges de ce rôle difficile! Comme, par exemple :

- Essayer de remplacer l'autre parent (L'EX) ou le critiquer (pas toujours facile!)
- Imposer des changements brusques
- Prendre trop de place trop vite (ex. changer l'organisation de la maison ou les habitudes de vie)
- Jouer le «jeu» de l’œil pour œil (« tu es bête je le serai aussi et tu verras comment on se sent »)
- Prendre trop d'autorité («je vais lui montrer qui est le boss»)
- Vous donnez des mandats trop exigeants.

Le rôle de beau-parent doit être créé sur mesure par exemple :

- Quand l'autre parent est absent ou que l'enfant est très jeune = parent substitue
- Quand enfant très jeune = parent substitue
- Quand autre parent présent = rôle de gardien, éducateur (sorte de parrain)
- Quand enfants adolescents = rôle de guide, d'ami, de ressource (pas de fonction d'autorité, la responsabilité incombe aux parents)

Cependant, le beau-parent doit conserver un rôle d'autorité pour tout ce qui concerne le fonctionnement interne de la famille et de la maison, ex. : les tâches ménagères, les habitudes aux repas, les visites des amis des enfants, l'écoute de la télévision, etc.
Trucs:
- Émettre des règles et des attentes claires
- Choisir ses combats, se centrer sur l'essentiel et savoir, parfois, laisser tomber, car à trop revendiquer on perd sa crédibilité
- Permettre que le parent passe du temps avec son enfant
- Accepter la fragilité de la relation et la voir telle qu'elle est c.-à-d. une relation qui est dépendante du lien avec le parent (si le lien se brise avec le parent, le lien sera brisé avec l'enfant)
- Accepter que vous ne pouvez pas éprouver ce que vous ressentez pour vos enfants

Rôle de parent :
C'est un rôle plus facile parce qu'il est déjà établi auprès de l'enfant cependant, vous devrez l'ajuster et vous assurez de faire équipe avec le nouveau conjoint. Car, si l'enfant perçoit de l'ambivalence cela peut raviver l'espoir de ramener ses parents ensemble. Le principal défi étant de faire de la place au nouveau conjoint et de le guider dans la connaissance de cet enfant que vous connaissez bien.
Trucs :
- Ne pas vouloir se presser
- Accepter que l'enfant a besoin de transition et peut garder des «ancrages » dans sa vie d'avant (ex. : aime mieux la cuisine de sa mère)
- Exiger le respect de l'enfant envers le nouveau conjoint
- Faire coïncider les congés
- Savoir délaisser le superflu, votre nouvelle famille demande temps et énergie
- Délimiter un territoire d'intimité
- Idéal : un nouveau logement


Concluons, en se rappelant, que même si cela est parfois difficile, de plus en plus de gens parviennent à construire leur famille recomposée à leur image et qu'elle peut constituer une expérience très enrichissante d'amour, de tolérance et de respect des différences, en ce sens, plusieurs enfants, de familles dites nucléaires, ne feront pas de tels apprentissages! Sachez miser sur la qualité des relations et prenez soin de votre couple, car c'est sur celui-ci que repose la nouvelle famille. Bonne route!

*Larouche, Gisèle, Du nouvel amour à la famille recomposée, Ed. de l'Homme, 2001.




- Chantal Forget, M.Ps.
Psychologue



RÉFÉRENCES ET LECTURES SUGGÉRÉES :

Anthier, Edwige, L'enfant de l'autre, Robert Laffont, 2000.
Larouche, Gisèle, Du nouvel amour à la famille recomposée, Ed. de l'Homme, 2001.
Cloutier, R, et al,Les parents se séparent…Pour mieux vivre la crise et aider son enfant Collection parents, Editions de l'hopital Ste-Justine, 2001.
Monbourquette, Jean, L'ABC de la communication familiale, Novalis, 1993.
Bérubé, Linda, Rompre sans tout casser, Ed. de l'Homme, 2001.



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